RadioVino
La radio du bon glou

Immerpif !

Julien Gangand s’est immergé dans les vignobles, curieux de mettre les mains dans la terre, manier le sécateur, fouler, monter un pressoir, suivre les vinifs… nous suivons ses aventures au fil de ses billets sous forme de journal (presque) intime.
Une série conçue et enregistrée par Julien Gangand.

Immerpif, ép. 10 : Flashback

À quelques jours du déconfinement, Julien revient sur les trois vendanges auxquelles il a pris part à l’automne dernier : David-Beaupère, Merle, Finot, trois terroirs, trois styles, pas mal de souvenirs… et des questions sur les prochaines.


Texte, son : Julien Gangand.
Montage : Laurent Le Coustumer.
Musique : Earth, Wind and Fire – September.

Flashback C’est bien sympa de tailler, plier ou rouler. De décavaillonner, de piocher d’ébourgeonner. C’est bien sympa de regarder la vigne croître, de la guider, de l’accompagner. De répondre aux caprices du temps par un traitement préventif, de panser la vigne en curatif. C’est bien sympa d’avoir mal au dos, de choper des ampoules. Mais tout ça ca mène à quoi ? Aux vendanges pardi… et aux vins, pardieu ! C’est simple : on cultive, on vendange, on vinifie, on élève… on boit. Les pleurs, le débourrement, la feuillaison, déjà en cours, la floraison et la fécondation qui ne vont pas tarder… C’est au rythme de temps végétal que nous vivons. Il y a certes le stress des aléas climatiques et de la masse de travail qui est toujours en ligne de mire, mais cette période est plutôt calme et sereine… Ce qui le sera moins, c’est dans 100 ou 120 jours après la floraison, les vendanges. Ne sachant encore où je serai en août et septembre, je me mets à penser, nostalgie oblige, aux vignobles de Rhône-Alpes. C’était donc il y 8 mois, je partais pour un mois de vendanges. Les vendanges, rappel basique, c’est le moment que le vigneron a choisi pour récolter ses raisins en fonction de la maturité qu’il en attend. Il a une idée du vin qu’il veut faire et a donc réfléchi au profil des raisins qu’il veut mettre en cuve et vinifier. J’étais donc parti pour trois domaines ! Trois terroirs ! Trois expériences ! Je ne vais pas trop parler techniques, mais ambiances. Je démarrais dans le nord du Beaujolais à Juliénas lieu-dit « la Bottière », chez Louis-Clément David-Beaupère. C’est des vendanges que je qualifierai de compactes au sens où, une fois commencées, elles sont, sauf imprévu, continues. J’avais dit à Clém : « je veux en voir le plus possible ! » j’ai été servi. j’ai eu le privilège d’être avec lui pour la première clope du matin, pour les premières clopes je veux dire, celles qui sont fumées pendant ce moment encore calme où les vendangeurs ne sont pas réveillés, ce moment où la journée est envisagée, et planifiée, ce moment où le vigneron s’apprête à devenir RH, manager… et puis je me retrouvais assez vite à encuver, en équilibre sur un échafaudage, les caissettes récoltées la veille et réfrigérées la nuit pour que la fermentation démarre lentement avec des raisins frais. Je filais ensuite chez Julien Merle, dans le sud du Beaujolais. Ici encore des vendanges « compactes » comme chez Clément, du gamay et du chardonnay. Les terroirs et les parcelles modifient la maturité mais tout se fait globalement d’un bloc. Pareil, rebelote ! Une semaine dense, on part dans les parcelles à pieds. Et si on fayotte un peu comme moi on a droit à la benne. Je n’ai pas trop marché ! Je me souviens parfaitement des discussions de soirées dans le chai, à surveiller, regarder… goûter… pour se rassurer, et assurer. Aujourd’hui, « Bordel de merde » est en bouteille, un bijou d’équilibre sans filtration ni sulfites. Je partais enfin chez Thomas Finot, dans le Grésivaudan, à l’est de Grenoble. Autre ambiance, autre rythme ! Les altitudes, la multiplicité des cépages font que les vendanges s’étalent. « Aujourd’hui, on a tel cépage sur telle parcelle, on fait une équipe ! » il faut donc jongler, trouver des vendangeurs pour de plus petites sessions. Les vendanges chez Thomas, c’est aussi une multitude de « petits contenants » pour vinifier des cépages et des parcelles distinctement. A quoi ressemblent les vendanges ici au Raisin à Plume ? Quel manager est Jacques ? Vu comment ça s’annonce, les vendanges sont prévues fin août. Certains diront que c’est tôt. D’autres que c’est comme ça. Il y aura des raisins, des vendanges, du vin, et de bons moments !


Julien Gangand